Edward aux mains d’argent et les élèves de 1ère ES

(actualisé le )

Edward aux Mains d’Argent et les élèves de 1ère ES

Les élèves de 1 ES ont pu profiter d’une première sortie au Théâtre du Châtelet le jeudi 09/10/2008 après-midi pour assister au spectacle de Matthew Bourne, Edward aux Mains d’Argent , adaptation du film du même nom réalisé par Tim Burton. Il s’agissait alors de saisir les spécificités du spectacle théâtral et de découvrir à quel point la scène contemporaine pouvait mêler divers domaines artistiques tels que la danse et le ballet… Ce qui permettait d’ailleurs de regarder d’un autre œil l’art du divertissement chez un certain Molière, qui dès le XVIIème s. monta des comédies-ballets…

La sortie s’est très bien passée, et les élèves ont pu, à leur retour, rédiger une critique assez détaillée de ce spectacle, ce en s’appuyant également sur le travail qui avait été fait en amont...

Jawhar accepta ainsi de publier sa critique sur notre site :

« La comédie-ballet apparaît au XVIIe siècle avec comme principaux fondateurs Molière et Lully. C’ est un genre dramatique qui mêle musique et danse, tout en montrant la vie quotidienne de personnages.
La comédie-ballet est un art du XVIIe siècle dont la caractéristique fondamentale est l’incorporation de danse et de musique dans une pièce de théâtre. Le mélange de ces différents mouvements artistiques est dû aux exigences du roi Louis XIV pour le divertir. L’art du divertissement naît aussi au XVIIe siècle afin de divertir le roi et sa cour. L’une des premières comédies-ballets de Molière était Le Bourgeois Gentilhomme, plusieurs adaptations de celle-ci ont été réalisées comme celle de Jean Meyer en 2000 [– que nous avons pu d’ailleurs analyser en cours]
De nos jours, le ballet diffère de ce qu’il était au XVIIe siècle, en ce qui concerne notamment la mise en scène. On a pu en effet constater dans la mise en scène de Mattheu Bourne que les décors et les costumes sont modernes. De plus la danse de cette comédie-ballet est elle-aussi modernisée, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une chorégraphie moderne : l’ensemble des pas et sauts sont modernisés. Dans cette adaptation de l’œuvre de Tim Burton, l’expressionnisme a en outre une certaine influence ; celui-ci est un mouvement artistique apparu au début du XXe siècle. Dans cette adaptation de Bourne, le personnage d’Edward est très naïf et réservé, ce qui provoque chez le spectateur de l’émotion, ainsi que le fait qu’Edward ait une apparence monstrueuse.

Dans l’œuvre de Burton, l’expressionnisme introduit une critique sociale qui fait que le personnage d’Edward paraît monstrueux d’apparence ; il est différent. La critique sociale de Burton tient à montrer que nous vivons dans une société où le normal prend une grande place. La société n’accepte pas les gens qui ne sont pas comme eux, c’est-à-dire anormaux ; c’est pour cela que Tim Burton critique le regard des gens ainsi que l’obsession de la normalité et de la perfection qu’ils peuvent avoir. Matthew Bourne met cet aspect en valeur dans la mise en scène à l’aide des décors ( : les maisons sont très colorées, la pelouse des jardins bien tondue...), mais aussi à travers les costumes, ainsi que l’apparence des personnages, leurs coiffures, leurs vêtements...

L’apparence d’Edward semble monstrueuse aux yeux de ceux qui l’entourent dans cette société, mais il réussit malgré tout à être accepté au sein de la société. Face aux autres, Edward est différent, mais il reste un homme comme les autres ; cependant pas toujours... Ce qui semble finalement le plus monstrueux est que tous les personnages sont jugés par rapport à leur physique. Ces questions sont prises en compte par Bourne par le fait qu’Edward ne soit jugé au début qu’à travers son apparence physique.

L’œuvre de Tim Burton mélange plusieurs registres comme le Dom Juan de Molière. Les registres fantastiques et merveilleux sont inclus dans cette mise en scène ; l’œuvre de Burton fait en effet référence à un conte de fée avec le château en haut de la montagne (la belle aux longs cheveux blonds)... Le fantastique est aussi présent lorsqu’on voit qu’Edward, à l’aide des mains en ciseaux, est capable de choses comme sculpter de la glace. Le tragique est un des registres présent dans cette représentation car à la fin le personnage d’Edward est exclu de la société et est considéré comme mort.

L’œuvre de Tim Burton nous montre la réaction du monde qui entoure Edward à travers la parole, contrairement à l’œuvre de Mattheu Bourne, où les faits et gestes des personnages nous expriment les sentiments des personnages. L’intérêt d’avoir adapté ainsi le film de Tim Burton est de montrer ou de prouver qu’à travers de la musique ou des gestes, on peut exprimer des sentiments intenses, de l’affection.

Le cadre [et la salle du théâtre du Châtelet en particulier] dans lequel est mise en scène l’œuvre de Bourne, me laisse une très jolie image, car c’était pour moi la première fois que je voyais une telle mise en scène où tous les éléments choisis concordaient parfaitement avec l’histoire. »